Paradise Beach, l’envers du paradis
Que faire après un braquage? Grillé au pays, butin en mains, l’exil est la seule solution. Direction Phuket pour une vie facile, la plage, les plaisirs et les affaires. Mais est-ce si facile? Tout ne tient-il pas qu’à un fil? Le film de Xavier Durringer nous plonge dans cette réalité qui n’est paradisiaque qu’en surface.
Impressionnant casting composé de rappeurs et d’acteurs, tous habitués à la mise en scène et aux rythmes effrenés. Une belle famille bien dysfonctionnelle, à base de grandes gueules et de muscles saillants, et bien des choses à apprendre sur la vie, en Thaïlande ou ailleurs. Réunis autour de Sami Bouajila, Mélanie Doutey et Hubert Koundé (La haine, 1995), on trouve ainsi Kool Shen, Seth Gueko, Dosseh, Hache P et Nessbeal, des gangsters en exercice exploitant gentiment des gangsters blasés, un équilibre fragile perturbé par le retour à la vie d’un ancien collègue très déterminé et un homme d’affaires bien rangé, bon père de famille vivant avec un lourd passé, incarné par Tewfik Jallab (Hicham).
Un authentique film de frères de sang, au rythme haletant, sur fond de paradis terrestre au goût amer. Une fuite en avant, de France en Thaïlande où les problèmes s’empilent, où l’envie même de survivre finit par s’estomper. Un regard lucide sur le situation de petits gangsters sans ambition, vite rattrapés par une concurrence féroce, des autorités locales corrompues et des divisions internes fratricides.
Un rôle principal exigeant pour Sami Bouajila (Mehdi), revenant de 15 années en prison pour récupérer sa part du butin, auprès de ceux qui l’ont lâchement abandonné. Une interprétation entre rage, frustration et retenue, un compromis pour éviter la vengeance stérile, tenter de refaire sa vie en sachant qu’il ne peut récupérer le temps perdu, et que tout reste à faire. Un projet périlleux, dans un environnement pas si paradisiaque, avec des frères dont il se méfie et des ennemis de toutes parts.
Révélation du film (même s’il avait déjà été révélé dans La marche de Nabil Ben Yadir en 2013), Tewfik Jallab tente de garder le cap malgré les difficultés, d’accueillir son frère dignement en espérant que la situation va se tasser. Il mène une vie étrangement compliquée pour un ancien délinquant débarqué en Thaïlande avec un magot issu d’un braquage et qui a réussi à y fonder une famille.
Une histoire captivante, des personnages bien dessinés et des révélations au compte-goutte, des plans de jour comme de nuit très travaillés, une ambiance à la fois crédible et surréaliste. Et l’occasion de voir des stars du rap briller à l’écran dans des rôles importants, où la gueule et la carrure apportent évidemment beaucoup, mais avec une certaine profondeur. Un beau cadeau signé Xavier Durringer (La Conquête, 2011).
Un film à découvrir en salles dès ce mercredi 20 février 2019. On vous attend nombreux car c’est le type de film qui nécessite un gros démarrage (au moins pendant les 4 premiers jours) pour être maintenu en salles en deuxième semaine. Ne tardez pas !
Paradise Beach, de Xavier Durringer (2019, 1h35). Avec Sami Bouajila, Tewfik Jallab, Mélanie Doutey, Hugo Becker, Kool Shen, Hubert Koundé, Seth Gueko, Dosseh, Hache P, Nessbeal, Sonia Couling, Chalad Na Songkhla, Flore Bonaventura. Un film produit par Vito Films, Naïa Productions en coproduction avec 7e Apache Films, Digital District, distribué en France par Océan Films. Sortie au cinéma le 20 février 2019. Crédits photos: Océan Films – Tous droits réservés.