Le Japon à l’honneur aux Halles – Gō Nagai et Yoshiki

En moins d’une semaine, ce sont deux grands artistes japonais qui ont été reçus avec les honneurs au cinéma UGC Les Halles, lors de deux projections en avant-première exclusive. L’un venant du rock, l’autre étant mangaka, tous deux légendaires dans leur spécialité, qui ont rencontré chacun leur tour les 500 spectateurs de la fameuse salle 10 comble à l’initiative du distributeur Eurozoom.

X Japan, le rock nippon à la conquête du Monde

Venu présenter mardi 24 octobre un film-documentaire sur le groupe X, qui sort en France début décembre, Yoshiki est une légende vivante du rock japonais, en activité entre 1982 et 1997 avant de disparaître en pleine gloire. Batteur, pianiste, compositeur, il tente depuis 2007 de faire renaître son groupe, et la diffusion de ce documentaire serait une étape importante dans le processus de reconstruction. Encore convalescent, le batteur compte bien revenir à son meilleur niveau et se déclare en mission pour faire connaître au monde la grandeur de son groupe, incluant les membres défunts qui lui ont donné, en leur temps, ses lettres de noblesse.

Paris, c’est une étape importante dans le parcours de Yoshiki, ayant par deux fois annulé une date de sa tournée juste avant d’assurer sa sortie parisienne. C’est donc une foule de passionnés conscients du privilège qui s’est massée au cinéma UGC Les Halles pour rencontrer une authentique icône du rock japonais, qui s’est prêtée avec grâce et sérénité au jeu des questions-réponses. Une rencontre d’autant plus particulière que le groupe n’est pas en activité, l’artiste étant lui-même incapable physiquement de jouer à son meilleur niveau, emprisonné dans un corps récalcitrant, mais habité en permanence par son art. En effet, Yoshiki compose de la musique sans cesse, avec un papier et un crayon, tout simplement (et on imagine bien qu’il utilise, comme beaucoup d’artistes et de passionnés aujourd’hui, l’outil informatique pour tester ses mélodies sous forme de maquettes, en attendant de les jouer lui-même).

C’est donc un artiste en attente, en reconstruction, désireux de remonter sur scène, qui a présenté un film étrangement intrusif dans sa propre vie et celle de son groupe au parcours étonnant, marqué par l’adversité autant que par le succès, la célébration d’une réussite ahurissante mais également une terrible frustration. Une période intermédiaire, avec un œil sur le passé mais résolument tourné vers l’avenir, des projets grandioses et le besoin de retrouver une juste place au sommet du rock mondial. Un héritage riche et lourd à la fois, un artiste très attendu, une histoire passionnante dont l’issue est encore, à date, totalement incertaine. Un film qui permet donc de bien connaître le groupe X Japan et son leader Yoshiki, dont on espère entendre parler pour le meilleur dans les mois qui viennent (avec notamment une possible surprise pour les cérémonies d’ouverture et/ou de clôture des Jeux Olympiques d’été à Tokyo en 2020).

We are X (1h33) est sorti au cinéma le 6 décembre 2017.

Gō Nagai, la référence du manga au succès planétaire

Créateur de Goldorak (connu sous le nom de Grendizer à l’origine), Gō Nagai présentait lundi 30 octobre un long-métrage mettant en scène son autre robot géant, Mazinger Z, en compagnie de son producteur, membre de la Toei. Il faut savoir que si Goldorak est la référence en France, le dessin animé devenu culte pour des générations de passionnés lors de nombreuses diffusions à la télévision, il s’agit d’un phénomène insolite. En effet, dans le reste du monde, et au Japon en particulier, Goldorak vit dans l’ombre de Mazinger Z. Le personnage que l’on connait sous le nom d’Alcor comme un simple sidekick du héros Actarus (prince d’Euphor et pilote du tout-puissant Grendizer/Goldorak) est lui-même le héros et pilote du tout-puissant Mazinger dans la série éponyme.

La sortie de Mazinger Z en France est donc un événement particulier, aux enjeux complexes, puisqu’il sert de test à la compagnie japonaise, qui envisage sérieusement la création d’un long-métrage dédié au robot préféré des français, Goldorak, mais qui risque de rencontrer un accueil plus mitigé dans le reste du monde et surtout dans son pays d’origine. L’enthousiasme français pour ce personnage pourrait donc servir de levier pour lancer une grande production et peut-être, à terme, convaincre le grand public au cinéma. Un coup de poker pour la Toei et, pour les fans français, un comeback improbable, inattendu mais clairement alléchant. Il suffit d’écouter la réaction immédiate de la salle à l’évocation du projet lors de la séance de Questions-Réponses au cinéma UGC Les Halles avec Go Nagai pour le sentir. Imaginer un retour du héros de notre enfance non pas sur petit écran, mais au cinéma, cela secoue forcément. La réaction du producteur, à la fois heureux de l’enthousiasme spontané et un peu surpris, est tout aussi éloquente. La partie sera serrée, Mazinger Z est en mission pour conquérir les spectateurs du Monde entier!

Mazinger Z Infinity (1h30) est sorti au cinéma le 22 novembre 2017.


We are X, de Stephen Kijak (2016, 1h35). Avec Yoshiki, Gene Simmons, Wes Borland. Produit par Passion Pictures Limited et Prettybird Pictures, distribué en France par EuroZoom. Au cinéma le 6 décembre 2017.

Mazinger Z Infinity, de Junji Shimizu (2017, 1h30). D’après l’œuvre de Gō Nagai. Avec la voix d’Arnaud Ducret (français) et les voix originales de Natsuki Hanae, Unshô Ishizuka, Ai Kayano et Masami Kikuchi. Produit par la TOEI Animation Company, distribué en France par EuroZoom. Au cinéma le 22 novembre 2017.

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