The Flash, le multivers selon Warner / DC

Il fallait y penser, avec autant de versions de Batman au cinéma depuis 1989, Warner est l’incarnation même d’un multivers. Pendant que certains s’écharpent sur les réseaux sociaux pour savoir s’il fallait redonner le rôle du Joker à un autre acteur après Jack Nicholson, heu, Heath Ledger, heu, Jared Leto, Warner enchaîne les projets avec plus ou moins de succès, tantôt au-dessus du milliard (la barre placée très haut par la trilogie de Christopher Nolan, également standard chez Marvel), tantôt en-dessous, ce qui ne manque jamais de relancer les débats… Au bout du compte, au moment de fêter ses 100 ans, le studio Warner assume tout et le prouve à l’écran. The Flash, film du personnage déjà très connu et aperçu dans deux autres films (Batman V Superman puis Justice League, dans ses deux versions) et très attendu malgré les déboires IRL de son interprète principal, Ezra Miller, c’est finalement une belle pépite qui pourrait faire date.


The Flash, un personnage en or

Comme Superman, The Flash est déjà très connu grâce aux adaptations télé et même des incursions dans la culture mainstream – depuis Attrappe-moi si tu peux (de Steven Spielberg, 2002, 2h21), tout le monde même le FBI sait que The Flash s’appelle Barry Allen. Comme Johnny Depp pour Jack Sparrow, Ezra Miller a su apporter au héros supersonique une personnalité à la fois attachante, drôle et émouvante, en proposant des interprétations convaincantes aux diverses situations auxquelles sont personnage est confronté. Comme il se déplace à la vitesse de la lumière, le personnage est souvent confronté à des humains très lents, la mise en scène ralentie exige donc une performance particulièrement juste et riche pour ne pas tourner en rond, et rester ainsi toujours divertissante. C’est même devenu une habitude très agréable, on attend la prochaine scène où Barry Allen s’étonne, cherche la bonne solution, généralement astucieuse et loufoque, mais toujours adéquate. En cela, le personnage est très proche du Quicksilver de Marvel, notamment la version X-Men incarnée par Evan Peters, mais The Flash se démarque de son semblable d’un autre univers souvent blasé et renfrogné par une innocence touchante, qui le rend systématiquement curieux et empathique. The Flash est donc plutôt sympathique et quelque peu dépassé par les événements, mais résolument constructif et positif.

Un grand pouvoir et des grandes responsabilités

Avec The Flash, Warner / DC propose son film à la fois sur le multivers (pendant de Doctor Strange 2 et Spiderman : No way home chez Marvel) et le voyage dans le temps (Avengers : Endgame avec le time heist qui permet de boucler le diptyque monumental de Marvel). Comme Marvel, Warner profite de l’occasion pour remettre en service des versions de son catalogue que l’on pensait enterrées à tout jamais, comme le Batman de Tim Burton et le Zod de Zack Snyder. Michael Keaton, qui continuait à surfer sur son aura de justicier masqué dans la vie réelle tout en poursuivant une carrière d’acteur remarquable (Spotlight, Le fondateur, Birdman, Dopesick…), revient ainsi sur le devant de la scène comme s’il n’avait jamais quitté les bureaux de Warner, avec sa Batmobile et son thème musical signé Danny Elfman; même une de ses répliques plutôt anecdotique du tout premier Batman est devenue culte à la faveur d’une bande-annonce. Michael Shannon fait son grand retour. Ben Affleck est là aussi. Et Gal Gadot fait une apparition avec son lasso magique.

La somme de toutes nos peurs

Conceptuellement, l’intervention du voyageur du temps se démarque de manière assez intéressante des films du genre (la référence inévitable à Retour vers le futur (de Robert Zemeckis, 1985, 1h56) est en fait un point de départ qui sert de contre-exemple). Chez Marvel, dans Days of future past, on avait déjà réussi à expliquer que le temps n’était pas si linéaire et facile à modifier, mais plutôt comme un fleuve qui suit son cours quoiqu’il arrive – donc chaque intervention présente peu de risques. Chez DC, le voyage dans le temps, c’est une aventure vraiment dangereuse et par nature catastrophique. The Flash, dès sa première intervention, provoque des remous aux conséquences réelles et inattendues. L’impact de ce nouveau pouvoir (en courant vraiment très vite, The Flash accède au passé et peut y faire une apparition afin d’intervenir) est bien réel et très grave.

L’alternative à Marvel en grande forme

Ayant pris bonne note de l’arrivée de Marvel et d’une certaine tendance à dominer la scène lors de la sortie de ses films interconnectés à très grand succès mondial, Warner rappelle au monde qu’il y a toujours un vieux studio né au siècle dernier qui a plus d’un tour dans son sac – et un patrimoine historique très riche. La formule du studio est simple, chaque film doit être soit très spectaculaire avec un plus artistique, soit très artistique avec une dimension spectaculaire. Avec The Flash, le studio coche fermement les deux cases, un film à la fois très divertissant, très spectaculaire et très intelligent. Un blockbuster bien parti pour satisfaire les attentes du grand public, tout en posant les bases d’un univers peut-être mort-né (James Gunn a le doigt sur le bouton « reboot » depuis quelque temps), signant peut-être la fin du Snyderverse, mais avec panache. Si jamais le succès se confirme, Warner pourra peut-être poursuivre dans cette voie, qui s’ajoute aux Joker / The Batman de de Todd Philips et Matt Reeves, mais également au Gunnverse en préparation.


The Flash, de Andy Muschietti (2023, 2h24). Avec Ezra Miller, Michael Keaton, Ben Affleck, Sasha Calle, Michael Shannon, Kiersey Clemons, Maribel Verdu, Ron Livingston, Saoirse-Monica Jackson, Jeremy Irons, Andoni Gracia, Temuera Morrison, Antje Traue. Un film produit par Warner Bros., DC Films et The Disco Factory, distribué en France par Warner Bros. France. Sortie au cinéma le 14 juin 2023. Crédits photos: Warner Bros.

OncleGil

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