WandaVision, entre délire troublant et hommage à la télévision

Après The Mandalorian, le groupe Disney a proposé l’adaptation d’un autre univers (Marvel) sur sa plate-forme de streaming, Disney+. Et comme il s’agit d’une série, les créateurs en ont profité pour rendre hommage à l’ancêtre du streaming via internet, la télévision. Retour dans les années 50, en noir et blanc, pour les deux premiers épisodes. WandaVision, c’est une série originale de 9 épisodes découverte au rythme d’un épisode hebdomadaire, désormais disponible en intégralité. Une nouvelle manière d’aborder l’univers Marvel, après sa percée sur grand écran, en streaming dans son salon. Une production très ambitieuse, qui ne peut décevoir les fans. Telle est la mission du studio.


Du grand écran au streaming

Avec WandaVision, Disney et Marvel portent des personnages du MCU (Marvel Cinematic Universe) à la télévision 2.0, via le service de streaming du groupe Disney, Disney+ (qui abrite les univers Star Wars, Marvel, Disney, Pixar, National Geographic et Star). Alors que la série Agents of shield devait se contenter de l’agent Coulson et de ses services secrets, introduits dans le film Avengers, sans intervention des personnages phares du film, WandaVision met en scène deux acteurs majeurs du MCU, Elizabeth Olsen et Paul Bettany, incarnant respectivement Wanda Maximoff et Vision. Elizabeth Olsen est apparue pour la première fois dans Avengers: Age of Ultron et Paul Bettany a joué de la voix dès le premier film majeur du MCU, Iron Man (2008, 2h06, de Jon Favreau) en tant que Jarvis, intelligence artificielle au service de Tony Stark (Robert Downey Jr) avant de devenir Vision.

Un pari ambitieux et réussi

Depuis que Marvel assemble des castings incroyables dans des films de groupe (d’abord Avengers, mais également Captain America avec le Soldat de l’Hiver puis Civil War), il est devenu difficile de réellement développer les personnages au cinéma – chaque héros partage un nombre limité de minutes à l’écran, ce qui a eu le don de fâcher les acteurs parmi les plus illustres qui ont participé à l’ascension du studio, à commencer par Mickey Rourke dans Iron man 2 (de Jon Favreau, 2010, 2h04) et Ed Norton dans L’incroyable Hulk (de Louis Leterrier, 2008, 1h52) dont les performances dans leurs aspects les plus intéressants ont fini aux oubliettes après le montage. Difficile pour chaque héros de se faire une place sur grand écran. En proposant des spinoffs au format série pour alimenter en nouveautés le service de streaming Disney+, avec un nombre de personnages principaux plus réduits, on peut désormais approfondir, pour le plus grand plaisir des acteurs. Paul Bettany et Elizabeth Olsen ont donc toute latitude pour explorer à fond des personnages passionants. Une nouveauté très appréciée.

Un rythme idéal

En imposant un rythme de sortie d’un épisode par semaine, Disney rompt avec la mode du binge-watching, se permettant même un générique de fin de 8 minutes pour bien marquer le coup (quand on binge, on a l’option de faire sauter le générique pour enchaîner plus rapidement encore les épisodes). Alors que les télévisions françaises rivalisent d’ingéniosité pour faire passer au plus vite les mentions légales des productions qu’elles diffusent (accélaration du défilement, réduction du temps des écrans fixes…), Disney agrémente ce passage obligé de visuels magnifiques et d’une ambiance sonore qui accentue l’aspect mystérieux de l’émission. Même si l’épisode est fini, on reste ainsi dans l’ambiance et on est, de fait, incité à voir défiler le nom des nombreux intervenants qui font la qualité de la série, même s’il faut reconnaîre que ce n’est pas réellement passionnant – on doute que les spectateurs s’amusent à lire chacun des noms, et à faire « pause » pour n’oublier personne. Mais symboliquement, c’est un signal intéressant – et cela permet aux collaborateurs de prouver leur implication dans le projet à leur famille. Et certainement un message pédagogique anti-piratage – ces œuvres emploient beaucoup de monde, merci de respecter leur travail.

Un niveau de production élevé

En racontant un histoire délirante mettant à contribution non seulement des effets spéciaux dignes du grand écran, mais également des décors monumentaux et de nombreux figurants avec un niveau de détail époustouflant, Disney/Marvel gomme totalement la barrière cinéma/télévision/streaming, affichant une ambition démesurée pour ses productions faites pour le petit écran (tout est relatif), tenant compte de l’évolution exponentielle des télévisions familiales, qui affichent désormais des résolutions 4K ou 5K pour des tailles dépassant le mètre de diagonale. Quand on passe d’un film comme Avengers, prévu pour le cinéma et disponible sur la plate-forme, aux nouvelles séries, exclusivement dédiées à la plate-forme, on ne doit pas être déçu.

Un scénario à la hauteur

Bien entendu, cette avalanche de moyens ne servirait à rien s’il n’y avait pas une intention créative à la hauteur des enjeux. Cela n’aurait pas de sens. Derrière la puissance de production de Disney, l’équipe créative de Marvel profite des opportunités pour avancer tous azimuts le développement de son univers sous toutes ses formes. Profitant d’un catalogue de bandes-dessinées inépuisable, Marvel invoque au fur et à mesure l’ensemble des personnages et des angles développés pendant des décennies, revisitant des concepts parfois obscurs et se permettant même de jouer avec les attentes et le ressenti des fans. Avec les annonces des rachats successifs des unités de production autrefois concurrentes, les X-Men et les Avengers se retrouvant sous le même toît, c’était l’occasion de bousculer des idées reçues et de rendre fous au passage les spectateurs les plus assidus. Avec l’apparition du personnage de Quicksilver, incarné au cinéma par deux acteurs différents dans deux univers a priori parallèles jusque-là sur grand écran (X-Men et Avengers) mais qui se sont déjà croisés en bande-dessinées (le fameux Xmen VS Avengers), Marvel a réussi à créer une authentique fracture du continuum espace-temps. Un développement hallucinant qui annonce la couleur pour la suite: désormais, tout est permis.


WandaVision (de Jac Schaeffer, 2021, 5h50 – 9 épisodes). Avec Elizabeth Olsen, Paul Bettany, Kathryn Hahn, Teyonah Parris, Josh Stamberg, David Payton, David Lengel, Phil Jones, Amos Glick, Selena Anduze, Randall Park, Jimmy Woo, Kat Dennings, Julian Hilliard. Une série produite par Marvel Studios, Disney, disponible sur Disney+. Crédits photos: ©2021 Marvel Studios – Tous droits réservés.


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OncleGil

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