Detective Dee, la folie à chaque plan…

C’est très réducteur de parler de 3D quand on aborde un film comme Detective Dee, troisième du nom, qui sort sur les écrans de cinéma le 8 août 2018. Il y a une impression de facilité, une grâce infinie, tout au long du long-métrage chinois signé Tsui Hark, qui brouille les limites entre dessin animé, live action et bande dessinée. Une production incroyablement complexe, qui défie l’entendement à chaque séquence. La légende des rois célestes, un titre qui promet, on aurait dû se douter…

Bien entendu, il y a beaucoup de CGI dans Detective Dee (des images générées par ordinateur), mais également des costumes, du maquillage, des décors monumentaux, du bois, des armes, des effets réels habilement déguisés et surtout, sous autant d’artifices, des interprètes de génie, des personnages au design remarquable, à profusion. Tout est dans les détails et à y réfléchir, on ne parle plus de storyboard mais d’une véritable encyclopédie pour lister tous les éléments constitutifs de la mise en scène très précise, chorégraphiée, dans un film aussi dense. Dès le générique du début, on en prend plein la vue, le titrage riche et dynamique donne le ton.

Dee, c’est un personnage historique très célèbre, le meilleur détective de l’Histoire de la Chine. À l’écran, ce serait un Hercule Poirot à l’école Jackie Chan, le personnage plein de bon sens qui domine ses adversaires tantôt par la force, tantôt par la ruse. Il est omniprésent, pesant sur l’action même lorsqu’il n’est pas visible à l’écran car il laisse des pièges, des notes, il manipule à distance et dans le temps aussi bien ses alliés que ses adversaires, qui ne savent pas toujours pour quoi ou pour qui ils se battent vraiment.

Il est incarné par Mark Chao (Meilleur Espoir Masculin des Asian Film Awards en 2011), qui avait déjà interprété le rôle du « jeune détective » dans l’épisode précédent consacré à sa toute première enquête (La légende du dragon des mers, 2014, 2h14). L’action se situe donc encore une fois bien avant les événements du premier film (Le mystère de la flamme fantôme, 2011, 2h03).

Face à une menace sans précédent visant à anéantir la dynastie Tang, Dee doit aussi composer avec le comportement suspect de l’impératrice Zetian, pourtant placée sous sa protection. En possession de Dragon Docile, une épée légendaire à l’origine méconnue (elle serait issue d’une météorite), le détective pourrait en effet devenir gênant dans sa course au pouvoir.

Cette dualité offre une brèche opportune aux ennemis de l’Empire, qui emploient les grands moyens, particulièrement spectaculaires, pour parvenir à leurs fins. Si Dee était éliminé avec le concours de l’impératrice, c’est l’Empire tout entier qui pourrait s’effondrer… À moins que le chaos ne profite, in fine, à celle qui souhaite avant tout régner sans partage.

Authentique blockbuster estival bourré d’effets spéciaux, Detective Dee est avant tout un film palpitant dans la continuité des deux premiers volets, fondé sur une intrigue particulièrement bien écrite. C’est donc une expérience de cinéma totale, un film à très grand spectacle qui ne ressemble pas du tout aux films à gros budgets hollywoodiens, proposant ainsi une alternative alléchante.

Esthétiquement, c’est un festival, la fusion parfaite entre les éléments réels et les ajouts générés virtuellement permet une immersion totale dans une histoire surnaturelle, où la magie et les traditions s’entrechoquent. Les ennemis du trône ont chacun un talent propre, un style distinctif, offrant non seulement des séquences très visuelles, mais également une mise en scène digne des meilleurs westerns. Des personnages forts, interprétés avec justesse par des acteurs de grand talent. Un très grand film qui réveille les sens et défie l’imagination.


Detective Dee, la légende des rois célestes, de Tsui Hark (2018, 2h12). Avec Mark Chao, Kenny Lin, Carina Lau, Gengxin Lin, Feng Shaofeng, Ethan Juan, Ma Sichun, Sheng Chen, Yang Yiwei. Un film produit par Film Workshop et Huayi Brothers, distribué en France par Les Bookmakers / The Jokers. Sortie au cinéma le 8 août 2018. Crédits photos: The Jokers – Tous droits réservés.

OncleGil