Playlist, 1er hit de Nine Antico au cinéma

Bienvenue dans le monde de Nine Antico, illustratrice et auteur de bande dessinées, devenue réalisatrice pour le cinéma. Avec Playlist, son premier long-métrage, elle démarre une carrière de cinéaste en grandes pompes. Interprêté par Sara Forestier et Lætitia Dosch, deux jeunes actrices parmi les plus talentueuses de l’hexagone, suivies d’un cast de jeunes et de moins jeunes (Grégoire Colin en tête) de premier plan, le film est drôle et juste, enjoué et grave, une belle expérience de cinéma. Une comédie jeune, rythmée et originale qui suit les péripécies amoureuses et professionnelles d’une femme qui en veut. À voir au cinéma, absolument.


Sara Forestier au sommet

Grande actrice déjà chevronnée de 34 ans, révélée dans L’Esquive d’Abdellatif Kechiche (2004, 1h57), aperçue dernièrement chez Desplechin aux côtés de Léa Seydoux dans Roubaix, une lumière (2019, 1h59) et dans son propre film, M, face à Redouanne Harjanne (2017, 1h40), Sara Forestier trouve avec Nine Antico un grand rôle, riche en situations insolites, qui donnent lieu à toutes sortes de réactions, généralement dans le sens de la résilience. Elle prend des claques, des surprises, des joies et des peines, on est suspendu à ses réactions. Elle déjoue des pièges, tente des choses, refuse la fatalité et prend son destin en mains. On suit donc son parcours avec ferveur, en espérant qu’elle va s’en sortir, on doute souvent. C’est donc une aventure palpitante, émouvante,

Lætitia Dosch en puissance

Remarquée dans des productions prestigieuses comme Les apparences (de Marc Fitoussi, 2020, 1h50), premier rôle lunaire dans Jeune femme (de Léonor Serraille, 2017, 1h38), Lætitia Dosch est la force tranquille du film. Second rôle de luxe juste derrière Sara Forestier, c’est une grande dame de la scène française, qui habite chaque scène par sa présence sans l’accaparer – elle laisse volontiers la priorité aux autres. Et dès qu’on lui laisse une brèche, c’est une avalanche d’émotions, qui retourne une scène. Une actrice charismatique, enjouée, en parfaite maîtrise, qui sert parfaitement le propos. Une arme absolue, une réserve de talent inépuisable, qu’on aimerait voir encore plus souvent au cinéma.

Le cast et les guests

Nine Antico dévoile une galerie de personnages issus de ses propres expériences, à la fois authentiques et invraisemblables. Des gens comme on les rencontre souvent, des stéréotypes avec toujours une pointe d’originalité, souvent dans la mesquinerie. Le boss qui s’annonce de lui-même comme un “gros connard”, c’est assez rare, et ça fonctionne particulièrement bien; Grégoire Colin surprend en réalisant le grand écart, le gars a priori sympa qui se révèle effectivement imbuvable, dans des scènes à la fois malaisantes et drôles. C’est tout l’art de cette comédie, au lieu de tomber dans le drame à la moindre déconvenue, on l’aborde avec humour. Un humour parfois grinçant…

Viennent ensuite les amoureux successifs Andranic Manet, Mathieu Lescop et Pierre Lottin, avec chacun une puchline bien sentie, qui mériterait 6 mois de psychanalise. Inas Chanti, la colloc toujours solidaire, notamment en matière de self-défense. Les guests issus du monde de la BD, Killoffer et Cyril Pedrosa. Un jeune acteur à suivre, Julien Desjardins, qui déclenche chez l’héroïne une fascination pour le coup de boule. Et Jackie Berroyer, père de Julia, aperçu en coup de vent, le temps de placer une nouvelle punchline qui cingle. Le tout raconté par Bertrand Belin, compositeur et acteur. Forte présence masculine, donc, pour entourer les héroïnes dans leur vie trépidante.

Un premier long qui fait du bien

Avec son premier long-métrage, Nine Antico signe une belle comédie en noir et blanc, qui fait un bien fou. Elle aborde les sujets très graves comme l’avortement, les sorties de route éducatives et administratives (quand on n’entre plus dans les cases des formulaires) et les cas très graves de mecs angoissants, déconnectés ou totalement indifférents. Elle présente des jeunes femmes toujours d’attaque malgré les difficultés, avec une vraie joie de vivre, une envie de tout casser, qui transpire jusque dans les circonstances les plus banales – un cours de secourisme qui devient une masterclass d’actrice. Des moments de bravoure savoureux. Une comédie à voir en salles absolument, en attendant la suite. Une réalisatrice à suivre.


Playlist (de Nine Antico, 2021, 1h28). Avec Sara Forestier, Laetitia Dosch, Inas Chanti, Pierre Lottin, Andranic Manet, Mathieu Lescop, Grégoire Colin, Anne Steffens, Santiago Barban, Killoffer et Jackie Berroyer. Un film produit par Atelier de Production, distribué en France par KMBO et à l’international par Playtime. Sortie au cinéma le 2 juin 2021. Crédits photos: © 2021 Atelier de Production. Tous droits réservés.

OncleGil

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