Captive State, l’occupation extraterrestre

Et si nous n’étions pas seuls? Et si non seulement il y avait de la vie extraterrestre, mais de nature hostile et dominatrice, avec les moyens d’occuper notre planète et d’en épuiser les ressources? Bienvenue dans le monde de Captive State, en 2025, où l’humanité est divisée depuis 10 ans déjà en deux camps bien distincts: ceux qui résistent et ceux qui collaborent. Au cinéma le 3 avril 2019.


Dans une ambiance à la fois angoissante et captivante, l’auteur et réalisateur Rupert Wyatt installe rapidement un univers de fin du monde, par quelques astuces visuelles et sonores, comme si on apprenait à la télévision une catastrophe d’ampleur mondiale. Un ton hyper-réaliste qui renforce l’immersion dans un futur tout proche. Une entrée en matière particulièrement efficace, à la fois très développée et très digeste.

Du fait de relations troubles entre les personnages principaux, entre historique et compromis, passé et présent, affectif et mission, un tel récit nécessitait une distribution de choix.

Avec sa bonhommie naturelle et sa présence, John Goodman (10 Cloverfield lane, Kong: Skull Island, O’Brother…) peut tout jouer, du plus rassurant au plus inquiétant. Figure d’autorité totalement légitime, il navigue dans cet univers complexe en jouant sur les nuances, brouillant les pistes et entretenant un suspens étouffant. Son informatrice, Vera Farmiga (Les Infiltrés, The front runner, The Passenger), est à la fois belle et légèrement usée, une rare présence féminine à l’existence profondément changée par les événements, qui assume son rôle avec aplomb et ce qui lui reste d’humanité.

Et les deux frères, survivants orphelins, représentent à la fois l’espoir et le désespoir – un état de doute et de résistance perpétuels, entre le refus de la fatalité et la tentation de la résignation. Une dichotomie qui rappelle le personnage de Sarah Connor dans la saga Terminator, l’héroïne solitaire convaincue qu’il faut résister mais qui y perd ses repères et devient presque une caricature. Ashton Sanders (Moonlight) assume parfaitement son rôle en tant que tête d’affiche, héros d’une résistance qui s’organise dans une difficulté palpable. Son grand frère, interprété par Jonathan Majors (Hostiles, Undercover) porte les traces d’une décennie de désespoir, mais poursuit son combat inlassablement – une performance remarquable de réalisme.

Une aventure très prenante, où la fiction d’anticipation reflète la réalité d’aujourd’hui, un film au surréalisme assumé (car vous le savez, les extraterrestres n’existent pas) qui reste toutefois fermement ancré dans le réel. Un divertissement grand public qui s’appuie sur une réflexion ambitieuse et profonde sur la gouvernance, la liberté, l’existence et les intermédiaires si zélés qu’on pourrait leur prêter une conscience autonome encore plus effrayante que la tyrannie des puissants. Une proposition de cinéma très intéressante, qui donne à réfléchir.

En attendant la sortie du film, nous vous proposons ici un nouvel extrait.


Captive state, de Rupert Wyatt (2019, 1h51). Avec Ashton Sanders, John Goodman, Vera Farminga, Madeline Brewer, Jonathan Majors, Kiki Layne, Machine Gun Kelly, Kevin Dunn. Un film produit par Participant Media, Amblin Partners, distribué en France par Metropolitan FilmExport. Sortie au cinéma le 3 avril 2019. Crédits photos: Metropolitan FilmExport – Tous droits réservés.

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