Cruise30 #1: Risky business

Premier grand rôle de Tom Cruise, Risky Business (Paul Brickman, 1h45), est un film précieux. On est en 1983, le jeune Tom y rencontre Rebecca de Mornay (La main sur le berceau) et Joe Pantoliano (Cypher dans Matrix), sur une musique signée Tangerine Dream (auteurs du générique mythique de la série Supercopter). Un film léger et divertissant, avec une identité propre qui reste dans les mémoires. Fils de bonne famille (il s’appelle « Goodson », littéralement le bon fils…), promis à de grandes études de commerce, il profite de l’absence de ses parents pour tenter quelques aventures, mêlant business et tentations diverses, notamment la Porsche et la sono paternelles auxquelles il ne faut surtout pas toucher. Une sorte de Ferris Bueller (1986), quelques années plus tôt, lui aussi situé dans l’Illinois, l’esprit d’entreprise en plus.

Pourquoi on l’aime

Bien avant American Pie, le film d’ado par excellence, Risky Business est un film très sérieux. Avant les blagues potaches et les situations spectaculaires, le scénariste propose un parcours initiatique typique de l’adolescence – en l’occurrence américaine aisée. Poussé par ses parents, pressé de choisir une voie, prié d’éviter les pièges de relations douteuses ou d’aventures amoureuses pouvant compromettre son avenir, l’ado en passe de devenir adulte ne sait pas ou donner de la tête. Dans une séquence emblématique, où il s’imagine en couple avec une jeune femme, la scène a priori sensuelle et fantasmée tourne au cauchemar, avec tout le quartier, les familles, la police, cernant la maison et prévenant le jeune coupable que son vie est fichue.

Entre la musique originale de Tangerine Dream et quelques chansons fortes, la bande originale du film est particulièrement bien choisie, accompagnant le récit de manière organique. Quand Joel doute, se pose des questions, s’inquiète pour son avenir, c’est un expérience sensorielle totale, particulièrement convaincante. L’ado est littéralement habité par le doute, hanté par des images parentales encore plus envahissantes que les vraies, il s’enferme dans un système infernal… avant de s’en libérer.

Des scènes et des répliques cultes

De temps en temps, dans la vie, il faut s’arrêter, réfléchir et se poser la question essentielle: What the fuck? Devenu sur Twitter™ un hashtag symbolique (#WTF), c’est l’expression-clé du film, qui s’est un peu perdue dans la traduction française (« et puis merde »), un moment où on fait le point. On se remet en question, on prend du recul, et on réévalue sa situation. C’est profond, intelligent, subtil. Le tout, c’est de rester maître.

Quand Joel remet en question son éducation, le chemin tout tracé, encouragé par un ami, il s’autorise une période de vacances. Il dévie du chemin, prend des risques. Et si ça tourne mal, que faire?

Il reste quelques scènes cultes régulièrement utilisées ou re-visitées dans les talk-shows ou publicités. Quand le jeune Joel s’approprie le salon familial et la sono paternelle, avec chemise mais sans pantalon, il était loin de se douter que cette performance toute relative (ce n’est ni Fred Astaire ni Travolta) serait ainsi reprise, étudiée, vénérée. Elle a été interprétée par Bobby Knight, entraîneur légendaire de l’Université d’Indiana, avec 3 autres collègues (Rick Pitino, Roy Williams et Mike Krzyzewski) pour une publicité de Guitar Hero: Metallica.

La bande originale

Sortie sous le label Virgin Records, la bande originale de Risky Business compte des pointures comme Bob Seger, Muddy Waters, Jeff Beck, Prince et Phil Collins. Des titres phares comme In the air tonight, 5 thèmes instrumentaux signés Tangerine Dream et une chanson thématique, Mannish boy (I’m a man) dont une version a servi de générique au film RocknRolla (Guy Ritchie, 2008). Donc beaucoup de synthé, de rythme et de cordes.

  1. Old Time Rock And Roll – Bob Seger
  2. The Dream Is Always The Same – Tangerine Dream
  3. No Future (Get Off The Babysitter) – Tangerine Dream
  4. Guido The Killer Pimp – Tangerine Dream
  5. Lana – Tangerine Dream
  6. Mannish Boy (I Am A Man) – Muddy Waters
  7. The Pump – Jeff Beck
  8. D.M.S.R. – Prince
  9. After The Fall – Journey
  10. In The Air Tonight – Phil Collins
  11. Love On A Real Train (Risky Business) – Tangerine Dream

Le premier succès

Si ce film a une importance capitale dans la filmographie de Tom Cruise, c’est certainement avant tout parce que c’est son premier grand succès. Et ce n’est pas pour rien si, par la suite, le même Tom Cruise toujours plus investi dans sa carrière, ne se trompe pas dans ses choix. Il s’entoure systématiquement soit de grands, soit de futurs grands, bref, toujours de talent. Ayant goûté au succès avec un réalisateur-scénariste inspiré, des acteurs charismatiques et une musique singulière, conférant au film une identité remarquable, Tom Cruise a sans doute identifié dès son deuxième film les composants d’un succès au cinéma.

Un petit film (budget estimé à $6.2M) pratiquement remboursé dès son premier weekend d’exploitation aux États-Unis ($4.2M) et terminant sa carrière avec $63.5M de recettes sur le sol américain, ressorti en version remasterisée en DVD et BluRay pour ses 25 ans (2008).

Cet article fait partie du cycle #Cruise30 – Tom Cruise en 30 films.


Risky Business, de Paul Brickman (1983, 1h45). Avec Tom Cruise, Rebecca De Mornay, Joe Pantoliano, Bronson Pinchot, Curtis Armstrong, Raphael Sbarge, Bruce A. Young.
Une production Geffen Pictures, distribuée par Warner Bros.
Sortie au cinéma le 21 mars 1984.

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