Tout le monde debout pour Franck Dubosc

Pour sa première réalisation, Franck Dubosc n’a pas choisi la facilité. Abordant un personnage en fauteuil (Alexandra Lamy) et se donnant un rôle de mythomane pathologique, l’humoriste a écrit une comédie ambitieuse. Et réalisé un premier film avec l’aisance d’un vétéran. Une performance remarquable, qui a remporté l’adhésion du public dès les premières séances.

Un casting de choix

En s’entourant d’Alexandra Lamy, Elsa Zylberstein et Gérard Darmon, l’auteur/acteur n’a pas pris de risque. Valeurs sures au parcours impeccable, les trois vedettes apportent cependant quelque chose de neuf à leur rôle.

Cantonnée à son fauteuil, Alexandra Lamy interprète son personnage avec grâce, à la fois juste et touchante mais toujours la tête haute. Consciente de son handicap et du regard des autres, mais déterminée à vivre sa vie pleinement, trahissant à peine une forme de détachement, de résignation, de passivité. Elle ne cherche pas à nier sa condition, avec laquelle elle vit depuis quelque temps déjà, elle l’assume et la vérité, c’est que ce n’est pas toujours facile. L’actrice expliquait clairement son approche du personnage lors de l’avant-première au cinéma UGC Paris 19 (voir vidéo ci-dessous).

Gérard Darmon est l’ami, conseiller, médecin (mais pas psy), un rôle classique voire générique (similaire à celui de Bernard Lecoq dans le film de Gérard Jugnot, C’est beau la vie quand on y pense). Acteur charismatique, il apporte une profonde humanité à un rôle pas évident, toujours entre deux chaises, à la fois confident qui ne veut pas abandonner son ami, mais passablement agacé par l’entêtement.

Elsa Zylberstein propose un personnage paradoxal et original, à la fois Madame Tout-le-monde un peu potiche, provoquant des situations comiques presque involontaires, mais également sensible et fine mouche, par moments. Loin des comédies légères où un personnage est cantonné à un rôle bien précis, les personnages de Dubosc font vrai, car ils sont profonds, donc réalistes. Sans lui voler la vedette, Elsa Zylberstein apporte sa petite touche au récit, avec des moments de fulgurance pas si surprenants – le bon sens finit par s’imposer. Quand son patron s’égare, elle a l’aplomb de lui dire ses 4 vérités, à sa manière, à la fois résolue et mesurée – elle reste dans son personnage. Une prestation intéressante, touchante et inspirée.

 

Des choix judicieux également pour la voisine sexy mais pas facile (Caroline Anglade), son frère (Laurent Bateau) et son père (Claude Brasseur). Des personnages a priori secondaires, mais qui contribuent de manière significative et inspirée aux rebondissements d’autant plus inattendus, à l’image de François-Xavier Demaison, guest-star dans une apparition furtive mais mémorable.

Personnage principal de son propre film, Franck Dubosc subit les événements, évolue au fil des défis, prenant des décisions à la volée. Naturellement agaçant, du fait de son indéfectible assurance et de son allure de vieux beau, Dubosc est constamment secoué, remis en question par son entourage, qui l’implore de changer, de dire enfin la vérité et de s’y tenir. Il résiste, hésite, mais se pose beaucoup de questions.

 

Un Dubosc authentique, précis et juste

Faire rire le public, c’est le fonds de commerce de Dubosc depuis plusieurs décennies, tantôt sur scène, tantôt devant la caméra. Réaliser une bonne comédie, en revanche, c’était un défi. En passant derrière la caméra, celui qui était déjà scénariste de ses précédents exploits cinématographiques (Camping 1 & 3, le second recevant un accueil plus mitigé) a su trouver sa place derrière la caméra. Plans soignées, séquences fortes, acteurs justes, « Tout le monde debout » est un grand film, maîtrisé de bout en bout.

Humour potache, la force de Dubosc, c’est de réussir son premier film sans rien céder de sa personnalité. Il réussit le tour de force de garder son public, puis de l’emmener sur des terrains moins familiers comme le doute, la remise en question, l’émotion. Il réalise une comédie intelligente, humaine et touchante.


Tout le monde debout, de Franck (2018, 1h47). Avec Alexandra Lamy, Elsa Zylberstein, Gérard Darmon, Claude Brasseur, Caroline Anglade, Laurent Bateau, François-Xavier Demaison.
Une production Gaumont, Les Films la Boétie, Pour toi public Productions et TF1 Films Production, distribuée par Gaumont Distribution.
Sortie au cinéma le 14 mars 2018.

OncleGil