Free Fire – le western s’invite dans les 70’s

Shootout. Gunfight. Jeu de massacre. Nombreux sont les termes qui peuvent résumer l’action de Free Fire, le dernier film de Ben Wheatley, qui sort au cinéma ce mercredi 14 juin. Mais à quoi bon résumer ce qui mérite précisément de durer 1h30? Et pas une minute de moins, de pur bonheur.

Contrairement à ce que vous avez pu lire par ailleurs, Free fire n’est ni un « petit film », ni une « série B ». C’est un grand film, porté par des acteurs au sommet de leur art, dont certains affichent même une maturité bienvenue – Cillian Murphy (Batman begins, Inception, Peaky Blinders), qui porte bien ses 40 ans, mais également Armie Hammer, devenu en quelques films une authentique superstar (de The Social Network à Men from UNCLE, en passant par Lone Ranger). Brie Larson, le seul personnage du film, fait tout son possible pour rétablir en semblant de parité dans un monde de brutes, confirmant tout le bien qu’on pouvait en penser depuis son passage sur l’île maudite de Kong: Skull Island, aux côtés de Tom Hiddleston. Encore une fois, noyée dans un film d’action avec de nombreux rivaux, elle garde la tête hors de l’eau, avec une présence décidément incontournable.

Free fire, au début, cela ressemble à une histoire drôle. Deux irlandais, un sud-africain, un anglais et une fille prénommée Justine, entrent dans un entrepôt désert pour prendre part à une vente d’armes clandestine. Et rien ne va plus. Non seulement la situation dérape, mais les deux factions s’éclatent, avec pour objectif de sortir vivant, certes, mais pas seulement. Chacun pour soi. Un authentique western, transposé dans les années 70, avec des costumes colorés, des coupes de cheveux improbables à la place des Stetson, un stock d’armes à feu à vendre, l’argent de la transaction et un revolver chacun.

Devant un tel synopsis, le spectateur peut se demander si cela vaut bien un film. Pan pan, et après?

Eh bien justement, c’est tout l’intérêt de Free Fire, c’est même proprement remarquable. Ben Wheatley s’approprie la pétarade, lui donne un sens, une logique, une grammaire, et réussit à en faire une aventure totalement folle et captivante. Il n’a pas choisi ses acteurs au hasard, chacun apporte sa singularité au carnage, à l’image de Sharlto Copley, remarqué dans District 9 pour sa prestation physique et nuancée, à mi-chemin entre comique et psychopathe, toujours sur le fil. Armie Hammer, sous ses airs de gentil organisateur sympathique, cache un adversaire redoutable, tout en gardant une sorte de légèreté même en plein chaos. Et Cillian Murphy, Ils incarnent des personnages originaux, inattendus, qui interpellent jusqu’au bout. Alors qu’aucun de ces personnages ne nous intéresse au départ (ce sont des petits malfrats sans importance), on veut savoir lequel s’en sortira, si toutefois l’un d’entre eux y parvient. C’est très fort.

Et, alors que Tarantino s’est astreint à tourner son western dans le blizzard (Les 8 salopards), Ben Wheatley démontre qu’il était possible d’en réaliser un dans le cadre sobre et oppressant de Reservoir Dogs, un entrepôt-labyrinthe qui renferme tous les éléments – l’eau de pluie croupie qui a filtré, l’air renfermé, la terre ferme et poussiéreuse avec ses gravats et le feu des armes. Un film catastrophe où le réalisateur fait parler la poudre, presque littéralement.

Free fire est un pari étonnant, faire participer un public a priori innocent à une vente d’armes, puis à ses conséquences, dans un contexte surréaliste. Un film relativement court et compact, parfaitement maîtrisé. Une bonne manière de tuer le temps.


Free Fire (1h30), de Ben Wheatley. Sortie nationale le 14 juin 2017. Avec Brie Larson, Cillian Murphy, Armie Hammer, Sharlto Copley, Babou Ceesay, Jack Reynor…
Une production Protagonist Pictures, Film4 et Sikelia Productions, distribuée en France par Metropolitan FilmExport.

OncleGil