Raid Dingue – une comédie Boon à maturité

Après Dany Boon facteur (Bienvenue chez les Ch’tis, 2008), Dany Boon douanier (Rien à déclarer, 2010), voilà Dany Boon agent du Raid. Les comédies s’enchainent avec un air de ressemblance, si on s’en tient aux affiches, tantôt couronnées de succès (l’adhésion sans précédent du public pour l’aventure des Ch’tis), tantôt moins convaincantes (Supercondriaque). Est-ce un effet de formule, un coup de pub, une habitude de producteur, une obsession du comédien? Faut-il s’inquiéter?

Autour de Boon

Même si Dany Boon est la personnalité qui attire l’attention, l’artiste « bankable » (autour duquel se montent les projets), Raid Dingue n’est pas centré sur le comédien, connu comme « comique » pour ses spectacles et son parcours cinématographique. Le ch’ti humoriste a fait beaucoup de chemin.

En effet, Mister Boon ne se contente pas de partager l’affiche avec la comédienne Alice Pol (repérée dans Supercondriaque), il lui a offert le premier rôle. Un choix courageux, payant, qui libère le potentiel à la fois comique et dramatique de l’actrice, une révélation.

Et les personnages développés dans son entourage sont essentiels à l’histoire, qui repose sur la relation ambiguë entre un ministre paternel (Michel Blanc) et le directeur du Raid (François Levantal), mais aussi sur les relations affectives, notamment entre l’héroïne et son futur mari (Patrick Mille), un personnage supposé secondaire, qui se révèle déterminant. Et d’autres relations qui se créent de manière inattendue. Au-delà de la comédie, Raid Dingue est donc un bon film – si on retirait les passages comiques, il resterait une histoire très intéressante, avec des images fortes.

Comédie et non parodie

Contrairement à ce que l’on a pu lire dans un journal illustre, il ne s’agit aucunement d’une parodie du Raid. C’est une comédie qui se passe à l’intérieur du Raid, l’institution est omni-présente, respectée et même saluée le plus sérieusement du monde, avec admiration, ce sont les personnages et leurs aventures qui créent des situations comiques, tendues, émouvantes et même parfois très réalistes, avec des scènes d’action à la fois spectaculaires et mesurées – pas de Jack Bauer ou de Rambo dans les services.

Dany Boon, auteur et réalisateur

En plus d’interpréter l’un des premiers rôles du film (on n’est jamais si bien servi que par soi-même), Dany Boon en est l’auteur et le réalisateur. C’est son projet, de bout en bout, un travail long et fastidieux pour lequel il s’était préparé en suivant une master class (le scénario selon Robert McKee). Et un travail qu’il a assumé jusqu’au dernier moment, réécrivant parfois les dialogues les veilles de tournage. Tout le projet a été conçu avec la même détermination, et le souci de respecter une institution qui abrite les comédiens le temps du film.

Dany Bourne, acteur confirmé

Un détail important, cerise sur le gâteau qui a représenté 6 mois d’entraînement, c’est l’impressionnant physique de Dany Boon, devenu à la force des poignets un authentique spécimen du Raid, capable d’escalader à mains nues la façade du bâtiment (comme requis à l’entrée pour les nouvelles recrues, l’artiste affirme avoir réalisé cet exercice). C’est Dany Bourne, acteur de comédie et d’action, tout-en-un.

Depuis Mic-Macs à tire-larigo (Jean-Pierre Jeunet), confirmé dans Radin (2016), Dany Boon est devenu un acteur juste et mesuré. Il n’a plus besoin de faire le pitre ou de pousser des cris pour amuser, captiver, émouvoir. Il est juste bon, à l’image de ses collègues.

Une mise en scène soignée et équilibrée

À la différence de Bienvenue chez les Ch’tis, où les rôles étaient clairement hiérarchisés (les deux premiers rôles, puis les rôles complémentaires), il y a dans la construction de Raid Dingue une volonté évidente d’attribuer des rôles importants à tout le monde. Chaque personnage a son importance, un espace d’expression confortable, une véritable histoire, une complexité, une authenticité. Une vraie profondeur. Et une certaine homogénéité dans la troupe.

Ce n’est pas un hasard si le film bénéficie d’une telle distribution. François Levantal trouve enfin un rôle à sa mesure, à la fois grave et drôle, garant de son institution mais forcé de faire des choix fantaisistes, avec une certaine logique et une idée de la droiture. Patrick Mille apporte à chaque apparition un éclairage nouveau au récit. Michel Blanc incarne un ministre sobre mais déterminé dans un rôle insolite sans caricaturer. Yvan Attal parvient à créer de l’exotisme en forçant le trait, donnant un volume inattendu à un personnage entre kitsch et culte, alors que Sabine Azéma installe son personnage de belle-mère faussement aristo en à peine quelques phrases.

Des acteurs toujours justes, très à l’aise dans leur rôle, dans une histoire précisément agencée. De la place pour tout le monde, dans des scènes parfaitement imbriquées. Un travail d’orfèvre.

Raid dingue, peut-être le meilleur film de Dany Boon.

OncleGil

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